SEIGNOSSE, SOUS UNE BONNE ÉTOILE

C’est à un autre grand nom de l’architecture golfique que l’on a fait appel pour dessiner le parcours de Seignosse, en 1989 : Robert Van Hagge, auteur de quelques-uns des plus beaux parcours de France.

Découvrez un parcours qui a su conserver la pureté et la grandeur qui étaient les siennes à l’origine.

Dès l’arrivée sur le site, par une petite route grimpante tout en détours, on a la sensation d’accéder à un lieu privilégié. L’hôtel, à la façade multicolore et qui devrait être rénové prochainement, et le club house, avec sa terrasse qui offre une vue plongeante sur l’arrivée du 18, bordée de pins majestueux, ne font que renforcer cette impression.

De nombreux joueurs professionnels, originaires du Sud-Ouest ou installés dans cette région, se plaisent à y jouer avec une fréquence certaine. Seignosse compte même parmi ses habitués l’Espagnol José María Olazábal, l’actuel capitaine de l’équipe européenne de Ryder Cup.

Golf Blue Green Seignosse

Mais Seignosse compte aussi sur ses habitués anonymes que rien ne saurait priver d’une bonne partie sur ses 18 trous. Michèle et Michel Costes sont de ceux-là. Installé dans la région bordelaise pour des raisons professionnelles, ce couple ne manquerait donc pour rien au monde les beautés de ce parcours sinuant entre pins et chênes-lièges, aussi beau que difficile à dompter. D’ailleurs, déjà membres de leur parcours bordelais, ils le sont aussi ici.

Comme tous les couples de golfeurs, Michèle et Michel ont des points de vue parfois divergents sur l’approche tactique de certains trous. Sur le 3, par exemple, le par 4 répertorié comme le trou le plus difficile du parcours, l’opposition est flagrante : « Evidemment, avec un fer 6, tu ne risques pas de t’en sortir », fait sobrement remarquer Michel. Ce dernier n’a pas forcément tort puis que son épouse a dû s’y employer à trois reprises pour sortir du bunker de fairway…

Si on l’interroge sur l’option qu’il aurait choisie pour s’extraire de ce bunker situé à 180 mètres du trou, Michel n’a pas la moindre hésitation et répond placidement : « J’ai une approche cérébrale du golf, je connais mes limites. J’aurais pris un sand-wedge. » Intellectualiser le golf n’empêche en rien Michel de taper de sacrés coups et de mériter amplement son classement en première série.

Golf Blue Green Seignosse

Il y a cependant un point sur lequel les deux époux sont en parfaite harmonie : ils ne supportent pas les comportements irrespectueux des autres joueurs. Par exemple, il leur est arrivé récemment de partager, par force, une partie avec un acharné, de ceux qu’il arrive à tout le monde de croiser sur les parcours. Après trois ou quatre tentatives infructueuses de cet énergumène pour sortir d’un rough épais à l’aide d’un bois 3, lassé par cette attente inutile, Michel se permet de lui prodiguer un conseil de sagesse.

Voici la réponse sèche de ce golfeur plein d’illusions, retranscrite par Michèle : « L’important dans le golf, comprenez-vous, c’est d’être en résolution sur le green ! » « Non, pas en résolution, en régulation ! », s’écrient Michèle et Michel dans un grand éclat de rire. Mine de rien, le lapsus de Michèle est parfaitement révélateur et permet de faire une mise au point salutaire sur une certaine terminologie golfique.

Ainsi donc, atteindre le green en régulation sur un par 4, c’est le toucher au deuxième coup. Atteindre ce green en compensation, c’est le toucher au troisième coup. Atteindre ce même green en résignation, c’est le toucher quand il est trop tard pour marquer le moindre point. L’atteindre en résolution, c’est croire qu’on l’a touché en régulation. Quoi qu’il en soit, quelque trous plus tard, sur le 7, Michèle signait un magnifique birdie plein de résolution. Comme quoi…

On allait oublier de préciser. Lorsque Michel ne joue pas au golf, il est chercheur. Précisément chercheur en chimie interstellaire. Pour en savoir un peu plus sur cette discipline un petit peu confidentielle mais néanmoins passionnante, rien de plus simple : il suffit de s’adresser à l’intéressé, facilement reconnaissable.

Il a pour habitude, en cas de putt manqué d’un millième de micron (l’infiniment petit est une notion parfaitement maîtrisée par tout golfeur qui se respecte), de lever les yeux vers le ciel, le putter placé au-dessus de la tête, pour interroger le ciel et trouver une explication fiable à l’erreur de calcul commise dans la préparation du putt en question.

C’est ainsi qu’il peut être donné de jouer une très instructive partie de golf, qui plus est en très agréable compagnie. Preuve est faite en tout cas que ce genre d’alchimie, stellaire ou autre, peut exister pour peu que l’on ait bénéficié d’une bonne disposition des étoiles. La limpide luminosité du ciel qui se découpe entre les pins élancés du parcours de Seignosse n’y est peut-être pas pour rien.

Pour en savoir plus : www.seignosse-golf.com

Ecrit par la Fédération Française de Golf