La création du domaine impérial de Solférino est à replacer dans un contexte de profonde mutation du Sud-Ouest au milieu du XIXe siècle.

Bordeaux et Bayonne voient opérer d’importants changements urbains, le chemin de fer se développe, tout comme les routes et les canaux. De nouvelles villes sont créées sous l’impulsion impériale comme Biarritz et Arcachon dans les années 1850, érigées comme stations balnéaires, Eugénie-les-Bains en 1861 et les Eaux-Bonnes en 1856, tournées vers le thermalisme. Cette entreprise au cœur des Landes de Gascogne relève d’une ambition ancienne, celle de Napoléon Ier, qui, en 1808, souhaitait installer une colonie militaire dans les Landes pour sa « vieille garde ». Napoléon III abandonne l’idée de son oncle, mais souhaite toutefois mener un projet d’envergure dans les Landes qui s’accorde avec son temps : celui de la deuxième révolution industrielle et la rationalisation de l’agriculture qu’illustre notamment le courant de pensée physiocrate.

Pour ce faire, Napoléon III acquiert, en 1857, environ 7000 hectares de landes marécageuses appartenant aux communes de Commensacq, Morcenx, Sabres, Labouheyre, Onesse, Escourse et Lüe pour y former ce qui deviendra le domaine impérial de Solférino.

Situé en Haute Lande, la commune de Solférino a été baptisée en 1863 du nom de la victoire remportée par Napoléon III contre les Autrichien la même année à Solférino (village italien de Lombardie). L’aménagement du domaine est confié à l’ingénieur des Ponts et chaussées chargé du service hydraulique des landes, Henri Crouzet et à l’ingénieur agronome Eugène Tisserand, chef de division des établissements agricoles de la couronne. Ce domaine expérimental est alors constitué d’un bourg, d’un ensemble de neuf fermes modèles, sur les 14 projetées, réparties sur le territoire communal. L’ensemble ainsi édifié va de pair avec la loi du 19 juin 1857 relative à l’assainissement et la mise en culture des Landes de Gascogne.

Cette « utopie » qui se découvre au cœur de la forêt landaise étonne par le soudain ordonnancement de ses bâtiments et la rigueur de sa composition. Le bourg est constitué d’une église, d’un presbytère, d’une mairie et de maisons d’artisans. Perpendiculairement à l’axe principal et parallèlement au bourg, on retrouve des cottages simples ou doubles destinés à loger les ouvriers agricoles. Un chalet de bois, le Chalet de l’Empereur, est édifié en 1857 pour recevoir Napoléon III lors de ses visites. Déclaré en ruine, il est détruit en 1913.

Les neuf fermes modèles construites, entre 1857 et 1861, suivent un plan identique. Le bâtiment d’exploitation central comporte un rez-de-chaussée à usage domestique et un étage servant de grenier, tandis que les parties attenantes formant cour ne disposent que d’un rez-de-chaussée divisé en écurie, étable, bergerie, porcherie et remise. Dans certains cas, l’ensemble est complété par une maison dédiée au garde régisseur.

Le domaine est également doté d’un arboretum comportant diverses essences de feuillus et résineux, auquel s’ajoutent trois pépinières visant à introduire des nouvelles espèces forestières et plantes horticoles.

Infos :

  • La ferme du Pouy est inscrite au titre des MH depuis 2010.
  • La ferme de Bel-Air est aujourd’hui située sur la commune de Labouheyre 

Source : Philippine PIEL – service Patrimoine bâti du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne