Dans les Landes, quand on entend « Art Déco », on pense naturellement au Splendid Hôtel à Dax. Certes, l’un des seuls établissements susceptibles de nous replonger véritablement dans l’ambiance des années folles... Mais… Ce n’est pas le seul bâtiment qui vaut le détour ! A Dax, Mont-de-Marsan, Hossegor, Morcenx, ou Brocas… vous trouverez aussi de brillantes interprétations de ce style singulier.

L’ART DECO QUESAKO ?

L’art déco (abréviation de « Arts décoratifs ») est un courant artistique qui apparaît dans les années 1910, qui connait son plein essor dans les années 20 avant de disparaître progressivement dans les années 30. Ce style s’oppose aux décorations encombrantes par des lignes volontairement sobres. Ordre, couleur, pureté et géométrie : voilà comment on pourrait définir l’Art Déco. Mais en réalité ce style architectural et décoratif est assez complexe et se manifeste sous différentes formes. Il est influencé par les spécificités locales, se mélange à d’autres mouvements artistiques, est à la fois conditionné par certaines règles et soumis à l’inventivité sans limite de ses créateurs.

L’ART DECO A DAX

L’hôtel Le Splendid, construit en 1928, est l’emblème Art Déco de la ville de Dax. Un véritable chef d’œuvre de l’architecte André Granet, assisté par deux architectes locaux : Jean-Baptiste-Charles Prunetti et Albert Pomade. Il ne laisse personne indifférent avec sa façade d’un blanc immaculé, ses hauts plafonds, ses oriels mais aussi son mur de lumière en verre fumé de diverses couleurs et orné de formes géométriques que l’on retrouve dans le hall d’entrée.

@JPEG Studios

Au même moment, ces architectes construisent également l’Atrium-Casino. Construit en béton armé, le complexe abritait autrefois : un casino, un dancing, un théâtre de plein air, une salle de spectacle. Aujourd’hui, l’édifice héberge une grande brasserie et une salle de concert. Les touches Art Déco se retrouvent un peu partout à travers les lignes sobres, la façade avec sa verrerie, les formes géométriques de l’escalier…

@OITT Grand Dax

Les villas dacquoises ne sont pas épargnées par la vague Art Déco. Les deux architectes locaux cités précédemment (entre autres) sont à l’origine de somptueuses constructions : la villa du Docteur Daraignez sur le boulevard de Cuyès, la villa des Terrasses, celle située à l’angle des rues d’Aulan et Lebas ou celle rue du Tuc d’Eauze… Des villas dont l’histoire peut vous être racontée lors de visites guidées par Kévin Laussu, historien de l’Art. L’Office de Tourisme de Dax propose également des visites sur le thème de l’Art Déco.

Les arènes en bois de la ville de Dax ont été détruites par un incendie en 1908. Là encore, on retrouve Albert Pomade pour la reconstruction. Elle se fera en béton armé et sera inaugurée en 1913. Les touches Art Deco se retrouvent davantage dans les travaux de surélévation réalisés en 1932.

L’ART DECO A SOORTS-HOSSEGOR

Située sur le front de mer, la célèbre Place des Landais, qui se développe dans les années 20 et 30, illustre parfaitement le style Art Déco. A l’origine de ces constructions, deux architectes : les frères Louis et Benjamin Gomez. A cette époque, cette Place fût prisée par la société bourgeoise, on y organisait le ballet des automobiles de luxe et le défilé des élégantes. Elle est désormais protégée pour son intérêt patrimonial architectural et paysager.

Vue magique Hossegor

Inscrit au titre des monuments historiques, le Sporting Casino est un symbole de l’essor de la station balnéaire et de l’architecture des années 30. Une belle illustration du mélange du style Art Déco avec celui du régionalisme. Ainsi, les lignes épurées des murs blancs se croisent avec le rouge des boiseries et touches basco-landaises (motifs fougères…).

@LouduLac

Dans la période de l’entre-deux-guerres, environ 400 villas sont construites dans la station balnéaire, elles seront naturellement aussi influencées par les courants artistiques de l’époque en ajoutant même une influence hispanique. On les retrouve principalement en front de mer, au bord du lac et le long du golf.

L’ART DECO A MONT-DE-MARSAN

A Mont-de-Marsan, pour en apprendre davantage sur le patrimoine, il faut rencontrer le Greeter Vincent passionné par l’architecture montoise, les constructions de Léonce Léglise, et l’architecture humaniste et avant-gardiste qui met l’humain à l’honneur.

Dans la cité montoise, le style Art Déco est porté par l’architecte Franck Bonnefous et son mentor Léonce Léglise. Ce deuxième fut également le chef de file des « habitations à bon marché » (HBM), à l’origine d’une nouvelle urbanisation et un laboratoire d’idées vernaculaires.

Les bâtiments Art Déco sont partout disséminés dans la ville. Comme par exemple, au-dessus de l’Optic où l’on distingue nettement ce bâtiment Art Déco (avec son balcon épuré), il est d’ailleurs signé Franck Bonnefous. Ou encore, la construction qui abrite la librairie « Caractères » où l’on peut observer les formes cubiques, l’écriture bâton de « Peugeot », la sobriété de la façade… Le bâtiment au croisement de la rue Cazaillas et Augustin Lesbazeilles est aussi une belle illustration Art Déco et tranche nettement avec les autres maisons.

Dans Mont-de-Marsan, il est aussi très intéressant de constater que, dans une même rue, on peut parfois observer les bâtiments qui se côtoient en enfilade mais datent pourtant de siècles différents, c’est le cas de la rue du Maréchal Bosquet.

Le caractère Art Déco du groupe scolaire de Saint-Jean-d’Août est indiscutable. Les premiers dessins furent réalisés par Léonce Léglise mais l’œuvre fut confiée à Jean Prunetti (après la mort de L. Léglise). Là encore, une réalisation Art Déco influencée par les styles néo-basque et néo-landais.

Récemment, la Chapelle de l’Hôpital Layné, édifice en béton armé 100% Art Déco de l’architecte Bonnefous, a aussi attiré les regards pour son patrimoine liturgique. Un travail de recherche et de préservation est en cours… Affaire à suivre !

MAIS AUSSI, D’AUTRES LIEUX REMARQUABLES :

La Villa Saint-Jean à Saint-Martin-De-Seignanx– route des Barthes sur les rives de l’Adour –  rénovée sur la base d’une ancienne ferme du XIXème siècle. Une réalisation des frères Gomez. La mouvance Art Déco est criante lorsqu’on observe les mosaïques des fontaines et des banquettes.

 Le parc des sports et stade Rémy-Goalard de Soustons pour faire « concurrence » à la station d’Hossegor. Réalisation de l’architecte André Labèque et Raoul Saint-Martin, se dit être une œuvre illustrant le « régionalisme progressiste ».

 Les arènes en béton armé signées Albert Pomade de Saint-Sever, Saint-Vincent-de-Tyrosse, Pomarez…

Celles de Mont-de-Marsan sont construites en dur en 1889 mais elles sont remodelées en 1933 par Franck Bonnefous. L’édifice devient alors un savant mélange entre le traditionnel style andalou et le style épuré des années 30.

Arènes de Mont-de-Marsan

La remarquable Eglise Saint-Jean-Baptiste à Brocas dont les travaux de reconstruction furent terminés par Franck Bonnefous qui prendra la suite de Léonce Léglise après sa mort. Une impressionnante construction en béton armé. Alors que la façade est recouverte par un enduit blanc, l’intérieur lui, est totalement brut mais adouci par les courbes des voûtes et la lumière des vitraux. Prenant la suite de son mentor, il fut aussi à l’origine de la construction des bains douches publics de Brocas.  

La ville de Morcenx est aussi incontournable pour les amoureux de l’Art Déco, plusieurs bâtiments méritent le détour comme par exemple : la salle des fêtes et l’extension de l’école par Pomade, la place Léo-Bouyssou réalisée par Bonnefous où l’on retrouve la mairie, le cinéma… Mais pour en savoir plus, il faut surtout rencontrer le Greeter Jacques passionné par l’histoire de Morcenx et son architecture.

Le foyer municipal de Roquefort, là encore, Bonnefous à la manœuvre (architecte de 14 foyers municipaux dans les Landes). Une nouvelle preuve de son génie dans l’aisance du mélange Art Déco et style basco-landais.

Vous l’aurez compris, les touches Art Déco sont nombreuses dans les Landes, prenez le temps d’observer la forme des bâtiments, la géométrie, le style épuré et lisse, renseignez-vous sur la date de construction… Vous y reconnaîtrez sans aucun doute le style insaisissable des années folles.

Sources :